Aujourd’hui, je ne vais pas vous parler de la prochaine mise à jour LOTRO, on va plutôt revenir aux sources avec la publication prochaine du Retour du Roi dans sa nouvelle traduction.
Ce troisième volet devrait être dans toutes les bonnes librairies à partir du 13 octobre. Ce sera là une très bonne occasion de vous replonger à la fin du Troisième age, alors que la guerre contre le Mordor est sur le point de trouver son dénouement. Signant la chute de Sauron et le retour du Roi du Gondor.
Je rappelle si il le faut qu’il s’agit là d’une nouvelle traduction intégrale de l’œuvre de Tolkien, par Daniel Lauzon. à qui l’on doit déjà les récentes traductions du Hobbit, et évidemment des deux précédents volets, La Fraternité de l’Anneau et les Deux Tours.
De nouvelles traductions en accord avec les indications laissées par Tolkien, cohérentes entres elles, et aussi plus fidèles à l’œuvre originale dans l’esprit, le ton et le style.
Daniel Lauzon a publié un long extrait de cet ultime ouvrage pour vous permettre de vous faire une idée :
Aragorn s’agenouilla alors auprès de Faramir et posa une main sur son front ; et les observateurs sentirent qu’une formidable lutte était en train de se jouer. Car le visage d’Aragorn devint gris de fatigue ; et de loin en loin, il appelait le nom de Faramir, mais ses appels se faisaient toujours plus faibles à leur ouïe, comme si Aragorn lui-même s’éloignait d’eux, marchant dans quelque vallée lointaine et ténébreuse, appelant une âme égarée. […]
Il prit alors deux feuilles, qu’il déposa dans ses mains, puis il souffla dessus et les écrasa ; et d’emblée, une fraîcheur vivifiante embauma toute la pièce, comme si l’air même s’éveillait et picotait, pétillant de joie. Alors, il jeta les feuilles dans les bols d’eau fumante qu’on lui avait apportés, et tous les cœurs aussitôt s’apaisèrent. Car le parfum qui vint à chacun était comme le souvenir de matins humides de rosée et gorgés de soleil, dans un pays où la beauté printanière du monde n’est elle-même qu’un souvenir fugitif. Mais Aragorn se leva comme revigoré, et ses yeux souriaient tandis qu’il tenait l’un des bols devant le visage de Faramir, tout enveloppé de rêves. […]
Et la nouvelle ne tarda pas à se répandre hors de la Maison, disant que le roi était bel et bien parmi eux, et qu’après avoir livré la guerre, il apportait la guérison ; et le bruit courut à travers la Cité.
Mais Aragorn vint auprès d’Éowyn et dit : « […] Quand je la vis pour la première fois et que je perçus sa tristesse, j’eus l’impression d’être devant une fleur blanche, fière et droite, gracieuse comme le lis ; mais je la savais dure, comme l’acier ouvré par les forgerons elfes. Ou était-ce, peut-être, un gel qui en avait glacé la sève, et se tenait-elle ainsi, douce-amère, encore belle à voir, mais souffrante, près de s’étioler et de mourir ? Son mal ne date pas d’aujourd’hui, bien au contraire, n’est-il pas vrai, Éomer ? […]
« J’ai, peut-être, le pouvoir de guérir son corps et de la rappeler du sein de la vallée ténébreuse. Mais à quoi elle s’éveillera, à l’espoir, à l’oubli ou au désespoir, je ne puis le dire. Et si c’est au désespoir, alors elle mourra, à moins que vienne une autre guérison que je ne puis lui apporter. Hélas ! car ses exploits l’ont portée au rang des plus grandes reines. »
Alors, Aragorn se pencha sur elle et scruta son visage, et celui-ci était en vérité d’un blanc de lis, d’un froid de givre et d’une dureté de pierre, telle une image gravée. Mais Aragorn se courba et lui baisa le front, et il l’appela doucement, disant : « Éowyn fille d’Éomund, réveillez-vous ! Car votre ennemi est mort ! »
Elle ne remua pas, mais sa respiration se fit plus ample, de sorte que sa poitrine s’élevait et retombait sous le drap de lin blanc. Aragorn écrasa deux nouvelles feuilles d’athelas et les jeta dans l’eau fumante ; et il lui baigna le front de cette eau, ainsi que le bras droit, lequel gisait, froid et inerte, sur le couvre-lit.
Peut-être Aragorn détenait-il en vérité un pouvoir oublié de l’Occidentale, ou peut-être étaient-ce seulement ses paroles à l’endroit de la dame Éowyn qui agissaient sur eux ; mais tandis que la douce influence de l’herbe se répandait dans la pièce, il sembla aux spectateurs qu’un vent pénétrant soufflait par la fenêtre, et qu’il n’avait pas d’odeur : c’était un air tout à fait frais, et pur, et jeune, comme si aucun être vivant ne l’avait encore respiré, un air neuf venu du sommet de montagnes neigeuses sous un dôme d’étoiles, ou de rivages argentés au loin, baignés par une mer d’écume.
« Réveillez-vous, Éowyn, Dame du Rohan ! répéta Aragorn ; et il prit sa main droite dans la sienne et la sentit reprendre chaleur et vie. Réveillez-vous ! L’ombre est partie et toutes ténèbres sont lavées ! » Alors, il plaça la main de la jeune femme dans celle d’Éomer et s’éloigna. « Appelez-la ! », dit-il, et il passa silencieusement hors de la chambre. […]
Gandalf et Pippin arrivèrent à la chambre de Merry, et ils trouvèrent Aragorn debout à côté du lit. « Pauvre vieux Merry ! » s’écria Pippin, et il courut à son chevet ; car il lui semblait que Merry avait encore plus mauvaise mine, que son visage était plombé de gris, comme sous le poids de nombreuses années de chagrin ; et une peur le saisit tout à coup, car il crut que Merry allait mourir.
« Ne craignez rien, dit Aragorn. Je suis venu à temps, et je l’ai rappelé à nous. Il est fatigué, à présent, et en peine, et il a reçu une blessure comme celle de la dame Éowyn en osant frapper cet ennemi mortel. Mais ces maux peuvent s’amender, car c’est une âme courageuse et pleine de gaîté. Il n’oubliera pas sa peine ; mais plutôt que d’assombrir son cœur, elle lui apprendra la sagesse. »
Alors, Aragorn posa une main sur la tête de Merry, et, la passant doucement à travers ses boucles brunes, il effleura ses paupières et l’appela par son nom. Et quand l’odeur d’athelas envahit la pièce, comme une senteur de vergers, et un parfum de bruyère sous le soleil plein d’abeilles, Merry s’éveilla tout à coup et dit : « J’ai faim. Quelle heure est-il ? » […]
Une foule nombreuse s’était déjà massée aux portes des Maisons pour voir Aragorn, et elle le suivit ; et quand il eut enfin soupé, des hommes vinrent à lui, le suppliant de guérir un proche ou un ami dont la vie était en péril à cause de quelque mal ou blessure, ou qui était sous l’emprise de l’Ombre Noire. Et Aragorn se leva et sortit, et il fit venir les fils d’Elrond, et ils œuvrèrent jusqu’à tard dans la nuit. […]
Et quand il ne put œuvrer davantage, il s’enveloppa dans sa cape et se glissa hors de la Cité, et il regagna sa tente juste avant l’aube et dormit pour quelques heures. Et au matin, la bannière de Dol Amroth, nef blanche comme un cygne sur une eau bleue, flottait au sommet de la Tour ; et les hommes, levant la tête, se demandèrent si la venue du Roi n’avait été qu’un rêve.
Extrait du Seigneur des Anneaux, V,8 : “Les Maisons de Guérison” (version provisoire, à paraître en octobre aux éditions Christian Bourgois)
N’hésitez pas à le précommander, les deux premiers volets ont vite été en rupture de stock chez les libraires :
Quant à ceux qui veulent aller toujours plus loin dans leur compréhension de Tolkien, et qui n’ont pas de problème avec un texte en anglais, plus tard dans l’année (en novembre) les éditions HarperCollins annoncent la publication du Lai d’Aotrou et Itroun, un poème de 508 vers écrit en 1930. Un comte sombre et puissant, montrant l’intérêt de Tolkien pour le paganisme et toute son habileté poétique.
Pour reprendre la présentation qu’en fait Tolkiendil, dans ce lai, Aotrou et Itroun sont un couple de nobles bretons sans enfants. Pour remédier à cette infertilité, Aotrou demande l’aide d’une sorcière, moyennant une dette qu’il aura envers elle. Itroun met au monde des jumeaux, mais la sorcière réapparaît et s’avère être une Corrigan, qui demande l’amour d’Aotrou comme paiement de sa dette, ce qu’Aotrou refuse. La Corrigan le maudit. Aotrou meurt trois jours plus tard, suivi de sa femme qui meurt de chagrin, laissant leurs enfants orphelins.
Voilà de quoi occuper vos séances de lecture entre deux mises à jour du Seigneur des Anneaux Online.
“Aragorn détenait-il en vérité un pouvoir oublié de l’Occidentale”
Ouuuii ! Après les Coureurs de l’Ithilien, les Hommes de l’Occidentale ! De quoi rendre toute la majesté à ce royaume, “Ouest” ne faisait pas assez sérieux.
Même si l’effort d’une traduction plus respectueuse de l’oeuvre est louable, j’ai vraiment du mal à prendre au sérieux un “Grand-Pas” devenu “Arpenteur”, ou un “Fort-le-Cor” devenu un “Ferté-au-Cor” dans la “Gorge de Helm”.
Je plussoie totalement ! J’allais justement commenter “l’Occidentale” hehe, ravie de voir que ça ne choque pas que moi…
Pour tout dire, j’avais pré-commandé le 1er tome (j’étais extrêmement motivée hehe), mais se sortir d’une oeuvre qu’on a lu et relu des dizaines de fois… impossible ! Navrée Daniel, mais ta traduction ne passera pa(aaaaaaa)s par moi cette fois !
Je pense que, comme beaucoup, j’ai trop lu le Seigneur des Anneaux pour pouvoir m’acclimater à une autre traduction… Même quand je le lis en anglais, je ressors les phrases de la première traduction à un ou deux mots près si je traduis simultanément. Donc, bien que la nouvelle soit sans doute plus fidèle, je garde l’ancienne version comme référence.
J’ai toujours trouvé que la première traduction avait quelques coquilles par conséquent j’ai apprécié la nouvelle traduction.
Et chez moi, on trouvera les deux traductions (histoire de perdre encore plus de personnes quand je fais allusion à tel ou tel livres/films/jeux).
Bonjour,
J’avoue que les quelques exemples donnés (sur le tome 3 ou auparavant) ont, pour ma part, du mal a passé. Je suis également trop imprégné de l’ancienne traduction.
Cet extrait devrait trouver son équivalent ludique avec le dernier intermède de Minas après la bataille.
Et si ça arrive avant la maj 19, ça devrait être rapide.
Notez cependant que la nouvelle traduction n’efface pas la première.
Sur la même étagère, mettre cette nouvelle traduction au coté de l’ancienne, ne fait pas se consumer cette dernière.
Testé et approuvé :p
Les deux méritent leur place dans votre bibliothèque.
La première parce que de toute évidence on à toujours de bon souvenir avec. Avec le temps on a oublié les défauts, on a même appris à les aimer.
La seconde parce qu’elle est indéniablement plus proche de l’œuvre originale. C’est une redécouverte,le plaisir est intacte, renouvelé même. On a beau ticker sur les noms propres dans les extraits, quand on est le nez dans le bouquin, on est aspiré et on y fait à peine attention.
Et puis tient, tant qu’a y être, on peut aussi y mettre la version originale. N’ayons pas peur.
Ah enfin ! Pour les problèmes de traductions des noms perso j’ai choisi d’annoter la nouvelle traduction pour tout ceux qui me semblent obscures.
On sens quand même que la langue évolue quand on compare les 2 traductions.