L’Auberge Hantée, en Forêt Noire.

Le jour se lève, l’auberge commence à peine à reprendre activité.
À l’étage des chambres, un Elfe embrasse tendrement sa fiancée, ne sachant quand il la reverra, et encore moins s’il la reverra tout court. Deux paires d’yeux les surprennent : deux Nains d’Erebor. L’Elfe qui parcourt la Terre du Milieu avec eux leur présente son fiancé, qui s’incline avec respect, remerciant les enfants du Durin de veiller si efficacement sur elle.
Les Nains rendent le salut et ont la délicatesse ne pas poser de question devant l’inconnu.

Plus tard dans la journée, quand les trois Compagnons d’Infortune se retrouvent de nouveau que trois, que l’un des Nains, Trofin, met les pieds dans le plat.
« – Dolendir, c’est pas comme ça qu’il s’appelle le chambellan de Thranduil ?

–    En effet.
–    Alors si tu es attendue, pourquoi es-tu partie ?
–    Parce qu’une simple menuisière a volé le cœur du chambellan du Roi… »

Les Nains se regardent en silence en haussant les épaules.

La journée de voyage s’étire. Le groupe dresse un campement. Nains et Elfe se retrouvent autour du feu pour l’unique repas conséquent de la journée, fourni par la chasse de l’Elfe.
Pour la première fois depuis de longs mois de périple commun, l’Elfe se sent obligée de raconter à ses compagnons son chemin de vie.

« Je suis née il y un millénaire dans cette forêt, plus au nord, vers Rhosbogel. Vertbois n’existait déjà plus, ayant laissé la place à la dénomination à la Forêt de Grand’Peur.
Mon nom signifie « Jeune fille du crépuscule » car je suis née peu avant la nuit, et j’ai toujours eu un caractère un peu sombre et solitaire… Et cela ne s’est guère arrangé avec les dernières années.

Je suis la deuxième enfant d’un couple constitué d’une fermière et d’un menuisier. J’avais un frère aîné et une sœur plus jeune. J’appris le métier de mon père, tout en passant un temps certain dans la forêt à chasser. Chasser était ce qui me faisait me sentir vivante, bien plus que la compagnie des miens. Bien que j’appréciais la compagnie d’un ménestrel qui fut mon ami depuis l’enfance.

Malgré mon tempérament, j’accompagnai avec plaisir quelques fois mon père et mon frère dans de lointaines contrées, pour des raisons de commerce. En Ered Luin principalement, voire jusqu’au Lindon.
En cela, cette vie couvre les neuf cent quatre-vingts premières années de mon existence, environ…
Je revins – compte sur ses doigts, semblant se remémorer les choses – d’un troisième voyage en Ered Luin. Nous fûmes accueillis avec force joie, notre village n’ayant pas reçu notre dernier courrier annonçant notre retour. Inquiétude renforcée par l’allongement de notre temps de voyage et les incursions de corsaires sur l’Anduin dans les terres des Hommes.

Je repris ma vie laissée un an auparavant. Mais les choses avaient changé durant mon absence sans que je n’y fis attention à mon retour, et je sus par ma mère que mon égoïsme empêchait mon meilleur ami de trouver un parti. Ne désirant pas être une gêne, j’en parlais avec lui. Et il m’avoua que c’était avec moi qu’il désirait voir l’avenir. Je n’avais jamais envisagé les choses sous cet angle, et finalement je cédais à sa proposition de le considérer un peu plus que comme mon ami, à la condition que cela ne soit pas su. Ainsi, je gagnai quinze années… Jusqu’au jour où mon père le surprit à m’embrasser. Là, je n’eus pas le choix d’accepter d’envisager un mariage, pas vraiment un mariage d’amour, ni même de raison pour ma part.

J’obtiens de mon père, qui avait de nombreux contacts, de me rendre en Lothlorien pour créer mon chef-d’oeuvre de menuisière : un arc en mallorne. Je m’y rendis juste avant mes noces. Je fus éblouie par la Forêt d’Or, et je me promis d’y retourner un jour… Ce que nous avons fait récemment tous les trois, dans des circonstances moins joyeuses…
Je revenais vers mon village, prise en proie à une affreuse boule au ventre, que je pris pour de l’anxiété d’une future mariée, mais je me trompais… Je commençai à comprendre quand j’aperçus au loin les volutes de fumée s’élevant de la forêt, de mon village.
Je forçai l’allure de mon cheval et je découvris les habitants massacrés, même les enfants comme ma nièce, même les animaux… Je sus instantanément qui était le responsable de la tuerie. »

Lomëwen s’arrête quelques minutes, le temps d’avaler quelques gorgées d’eau et bouchées de lièvre rôti. Ses yeux fixent les flammes, un peu triste, tandis que les deux Nains la regardent en silence, découvrant ce qui a pu participer au caractère irascible de l’Elfe.
Elle reprend son récit, caressant doucement le bois de son arc qu’elle prend sur ses genoux. Le bois blanc aux étranges reflets argentés sous la lumière de la lune.

« – J’enterrai les miens, dressai un bûcher pour les autres habitants. Je rassemblai quelques affaires appartenant à mes proches : les meilleurs outils de mon père ainsi qu’une quantité de flèches, un bijou de ma mère, un livre de ma sœur, le jouet préféré de ma nièce, le luth de mon meilleur ami et ma robe de mariée que ma sœur brodait au moment où les orques débarquèrent.
Et je me mis en route vers le camp orque le plus proche que je réussis à pister, sans mal.

J’attachai mon cheval à proximité du camp, montai dans un arbre et commençai à abattre les ennemis isolés, endormis, visant le crâne pour éviter tout bruit. J’eus à descendre au sol pour finir mon œuvre, et un ouargue me repéra. Je pris la fuite à cheval, en direction du nord, ayant sur les talons cinq orques, dont deux montaient des ouargues.  À ce moment-là, je sentis que je ne voulais finalement plus mourir, comme je l’avais pensé en découvrant les miens décimés. »

Elle chasse une larme naissante au coin de ses yeux.

Un groupe de cinq Malledhrim sont en chemin vers un avant-poste.
Ils ont constaté le massacre d’un village près de Rhosgobel et vont pour envoyer des personnes enterrer les morts tandis qu’ils iront nettoyer le camp orque nouvellement installé.
L’un d’entre eux s’arrête, faisant signe aux autres : la forêt s’agite plus que d’ordinaire.
Celui semblant diriger la troupe ordonne que l’on aille voir quelle est la cause de cette agitation soudaine.
Il ne faut pas beaucoup de temps pour qu’ils perçoivent le grognement d’ouargues, et décident d’aller à leur rencontre.
Ils entendent aussi le piaffement d’un cheval et un bruit sourd de chute, le bruissement des feuilles, pas très loin. Le chef a cru apercevoir même une silhouette se cacher dans un arbre creux.
Dans les instants suivants, les ennemis arrivent en vue, et comme un seul Elfe, la compagnie se rapproche et décime sans mal les abominations.
Le chef, qui a foudroyé l’ouargue qui s’approchait dangereusement de la cachette, vient auprès de l’arbre creux, tend une main amicale, qu’il dégante :

« – Vous pouvez sortir, il n’y a plus de danger. »

L’Elfe sent une main prendre doucement, mais fermement la sienne pour s’extraire du tronc. Il sent comme une légère décharge, qui se renforce en apercevant le visage de l’archère qui le remercie.

Il l’interroge et comprend rapidement qu’elle vient du camp des orques. Elle explique qu’elle est originaire du village massacré, qu’elle a vengé les siens.
Il l’observe et lui reconnaît des traits avec certains membres des défunts du village, il décide de croire son récit et de lui proposer de la mettre en sûreté dans les Cavernes du Roi.
Elle récupère ses maigres possessions sur sa monture qui a rendu l’âme, et accepte de monter sur le cheval de celui qui se présente sous le nom de Foudre.

« – Je gagnai les Cavernes du Roi, accompagnée des Malledhrim qui m’avaient sauvée.
Je ne pouvais identifier leurs visages, et dus me faire à la raison que je ne les reverrai peut-être jamais.
J’allai à l’auberge qu’on me montra, y logeai quelque temps avant de trouver un logement chez une jeune veuve, et d’enchaîner les menus travaux.
À ma surprise, un des Malledhrim, Foudre, que j’avais identifié comme le chef de la compagnie, vient me rendre visite de temps à autre, me proposant d’intégrer sa compagnie en tant qu’archère. Je déclinais l’offre poliment.

Il m’encouragea à participer au concours de tir à l’arc organisé lors de la Fête des Étoiles, arguant qu’au mieux je pourrai me faire remarquer et trouver de l’emploi, au pire que cela m’offrirait un divertissement. Il ajouta que le concours offrait une belle récompense pécuniaire. À son ton, je compris qu’il avait dû me surprendre en train de rôder près d’une boutique fermée, et que mon for intérieur rêvait de transformer en atelier.

Je me rendis au concours, que je remportai sans difficulté à ma surprise.
J’y aperçus le Roi, qui me remit ma récompense d’un air désintéressé, et son fils sur l’estrade.
Alors que je m’éloignais du lieu des festivités, on m’interpella.

L’Elfe qui se dressait devant moi, je l’avais vu en retrait de l’estrade, et un des concurrents me l’avait décrit comme le chambellan du Roi. Avec la mention « d’une froideur à faire geler l’Anduin ». Ce ne fut pas le cas quand il me demanda ce que je ferai de la récompense, à examiner mon arc. Il souriait même quand il dit que mon arc était un chef d’oeuvre, et quand il sut que c’était mon œuvre, il ajouta qu’il parlerait au Roi de mes qualités de menuisière, et qu’il connaissait une compagnie malledhrim qui se trouverait bien aise d’avoir mes services d’archère. Puis il me donna son nom en me serrant les mains dans les siennes, des mains fraîches, légèrement piquantes d’électricité : Dolendir. Puis il repartit en s’inclinant poliment devant moi. Alors qu’il remontait la foule, je n’en revenais toujours pas, et j’étais encore totalement subjuguée par l’éclat de ses yeux vert malachite, contrastant avec l’ébène de sa chevelure.

Grâce à l’argent gagné, j’ouvris mon atelier et boutique de menuiserie-ébénisterie.
Mon travail fut rapidement apprécié et je gagnai ma vie suffisamment pour ne pas m’inquiéter du lendemain. Je fis la connaissance d’un couple du voisinage avec qui je me liais d’amitié.

C’est à ce moment-là que Foudre prit l’habitude de me visiter tous les lundis. Il me remit un jour un courrier de la main du chambellan pour me proposer officiellement d’intégrer la compagnie de Foudre ; j’acceptai donc enfin. Et je fis de régulières patrouilles pour nettoyer les alentours de la Cité, poussant parfois jusqu’à raser des camps orques.

Je n’étais pas au bout de mes surprises…

Un jour, ce fut le chambellan qui se présenta à mon atelier, missive cachetée au sceau du Roi, me demandant de réaliser un arc pour l’anniversaire de son fils, soit deux mois plus tard.
Cette demande, ou plutôt cet ordre, était un immense honneur, et j’en sautai au cou du chambellan en finissant de lire le courrier. Il ne fut pas offusqué et même rit devant la manifestation de ma joie.

C’est alors que je me mis à travailler d’arrache-pied pour cette oeuvre, en plus de mes commandes, délaissant un peu mon implication dans la compagnie malledhrim, ce qui dut vexer Foudre qui espaça drastiquement ses visites.

Mais ce fut le chambellan qui vint chaque semaine voir l’avancée de mon travail. Et d’une demi-heure la première fois, il finit par rester plusieurs heures au fur et à mesure du temps, autour d’une tasse de thé et de biscuits que je me mis à réaliser. Je lui parlai de mon passé, de mon présent, et il se laissa aller à me parler un peu de lui aussi. Il ne se comportait plus comme le commanditaire de l’arc, mais comme un ami, et cela m’emplissait de joie.
Avec le temps, je me surpris à attendre nerveusement sa visite dès le dimanche.

Dolendir remarqua que je me tuais à la tâche, malgré le délai important qu’on m’avait accordé. En à peine un mois, l’arc était presque terminé. Il me força à prendre du repos. Touchée, je promis de lever le pied.
Ce qui me toucha davantage, c’est qu’il obtint du Roi la faveur de m’inviter au bal en l’honneur de l’anniversaire du Prince, pour que je puisse remettre en personne le cadeau. Et pour que je puisse me vêtir correctement, il m’offrit une robe verte, et me passa au cou une superbe labradorite. Il était d’une courtoisie sans faille, et je sentais que mon amitié pour lui se transformait en affection. Je savais aussi qu’après le bal, il ne viendrait plus, et cela me causait une grande peine.

Pourtant je décidai de profiter de la soirée qui s’annonçait. Je sentais que les mondanités ne seraient guère ce qui me ferait sauter de joie, mais je me sentais fébrile en repensant à la promesse de Dolendir me disant qu’il me ferait danser. Il n’était pas hautain avec moi, il me parlait comme à une égale.
Et il tint sa promesse, et me fit danser, à trois reprises. Entre deux danses, il vaquait à quelques obligations, je sentais le regard des gens sur moi, et une courtisane me glissa même, presque moqueuse, qu’on n’avait jamais vu le chambellan faire danser qui que ce soit, et que c’était très cocasse qu’il choisit une simple elfe sylvestre pour ce faire.
Vint la fin de soirée, et il voulut me raccompagner lui-même à mon atelier. Je proposai un détour, pour lui faire visiter un belvédère. De là, on entendait au loin un Elfe chanter une sérénade à sa belle. Dolendir attrapa ma main pour me faire danser une dernière fois, collant son front contre le mien, fermant les yeux. J’en fis de même, et alors que le chanteur terminait de déclamer le lai en musique, je sentis que Dolendir m’embrassait. Mon cœur battait dans ma poitrine avec force, et je le lui rendis. La magie se brisa quand il recula d’un pas et s’excusa de s’être pris pour le héros du lai. Il me reconduit chez moi, et nous tenions le silence. Au fond, qu’avais-je espéré avec cette soirée et ce baiser, moi qui n’étais qu’une menuisière, une Elfe de Rhasgobel, face à un Elfe de la Cour, âgé de trois millénaires…

Sans aucune surprise, je ne revis pas le chambellan.
Je repris ma routine, dont retourner dans la compagnie malledhrim, à la satisfaction de Foudre, qui retrouva le chemin hebdomadaire de mon atelier.

Mais mon cœur se languissait du chambellan, je crois que mes amis et que Foudre le remarquèrent. »

Lomëwen bâille, un peu fatiguée, mais elle sent que les Nains sont pris par le récit et attendent la suite du récit.

C’est le soir, un peu tard, Foudre rentre d’une patrouille réalisée avec Feuille.
Ils ont beaucoup discuté dernièrement. Dont de Lomëwen.
Feuille dit qu’elle doit savoir la vérité, même si cela doit la fâcher… Qu’il ne pourra se cacher éternellement à elle.

Ce soir, Foudre en passant près du quartier de la menuisière se sent le courage d’aller lui parler.

Il frappe chez elle, elle ouvre rapidement, et lui semble à la fois surprise et contente de le voir, le fait entrer. Ils s’assoient, après qu’elle ait servi un peu de thé.

Il se sent nerveux, et il se passa peut-être une minute dans le silence, puis Foudre le brisa.

« – J’ai parlé avec Ombre et Feuille. Nous nous sommes entendus sur une chose à votre sujet. Une chose que vous méritez de savoir… »

Il enlève sa cape, sa capuche, puis son masque.

Bien qu’assise, Lomëwen faillit en tomber à la renverse en apercevant Dolendir.
Elle se lève et le gifle, visiblement en colère et blessée.

Il balbutie des excuses.

« Le chambellan n’est pas aussi libre de ses déplacements et de ses fréquentations que l’est un simple Malledhrim… Le chambellan est visible partout, le malledhrim n’est nul part…»

Elle l’invite à sortir de chez elle. Il se dirige vers la porte, se ravise un instant, revient vers elle pour lui voler un dernier baiser et susurrer à son oreille :

« J’ai senti la foudre parcourir mon corps quand j’ai pris votre main dans la forêt, le jour où nous vous avons secourue. Chaque jour qui passe vous rend plus précieuse à mes yeux. Depuis notre baiser au belvédère, j’ai su que vous étiez mon manthel. [âme-soeur] »

Puis il remet son masque, cape et capuche, s’incline respectueusement avant de s’éclipser.

Les deux Nains regardent Lomëwen avec un sourire en coin, presque attendris.

« – C’est ainsi que j’eus à faire un choix… Aller revoir le chambellan pour lui avouer mes propres sentiments, ou rester seule avec ma fierté mal placée.

Plus le temps passait, plus le courage me manquait.
Il fallut que mon ami Breglind me demande si je préférais avoir des regrets ou des souvenirs, pour que j’ose aller lui parler.
Je me rendis donc au Palais et allais aux appartements du chambellan, où je fus aimablement reçue par une gouvernante répondant au nom de Mariann, et qui sut instantanément qui j’étais, trahissant le fait que son maître lui avait parlé de moi.

Je n’étais pas venue les mains vides, désirant remercier la personne m’ayant tenu la main à plusieurs reprises. J’avais trois paquets.
Lorsque Dolendir arriva, Mariann me fit aller dans son bureau.
Je lui présentai le premier paquet, contenant des sifflets de reconnaissance pour la compagnie malledhrim.

« – Pour remercier Foudre d’avoir été mon ombre. » dis-je

L’ombre de son visage se leva un peu en découvrant mes créations, l’idée l’amusa. Il se releva pour me tendre le sifflet avec l’inscription « Flèche ». Le nom qu’on m’avait donné dans le groupe.

Puis je dis : « – Pour le chambellan qui fit confiance à la menuisière pour le cadeau du Prince. »

J’avais confectionné un plumier sculpté à repoussoir et cela l’émerveilla. Il passa de longues minutes à l’admirer.

« – Pour vous, Dolendir. » Mes mains tremblaient en lui passant le dernier article. S’il le vit, il n’en fit pas la remarque.

Il entrouvrit le papier, vit et comprit ce qui était dedans. Il le posa avec précaution et me demanda ce que signifiait ce paquet. J’eus du mal à articuler qu’il s’agissait de ma réponse, et je rajoutai en n’osant pas le regarder dans les yeux  :

« Je vous offre mon passé… En échange de notre avenir. »

Je le sentis contourner le bureau pour s’approcher de moi et me prendre dans ses bras. »

Trofin, impatient, demande :

« – Y’avait quoi dans ce paquet ? »

Lomëwen soupire, sourit tristement.

« – La robe de mariée que ma sœur avait commencé à broder. Tâché de son sang… »

Trofin hoche doucement la tête, comprenant la signification du geste.

L’Elfe esquisse un sourire avant de reprendre son récit.

« – C’est ainsi que je deviens la fiancée du chambellan. Et je ne vous cacherai pas que ce fut la période la plus heureuse de mon existence, et de loin.

Même si ma famille me manquait, j’avoue que l’amour de Dolendir comblait plus que largement ce manque, au-delà de tout.

Nous nous fréquentâmes de longs mois, sans nous cacher, mais en restant néanmoins discrets.
Avant qu’il ne se décida à me vouloir pour épouse, se fichant de ce que la Cour dirait.

S’il s’en fichait, le Roi, lui, eut vent des intentions de Dolendir et n’avait pas le même avis, semble-t-il.

Le souverain me convoqua en privé, et m’expliqua qu’ayant désobéi aux plus élémentaires lois du royaume, j’en serai bannie. Seule. Pour avoir osé aimer un noble, SON chambellan.
Je me mis à pleurer.
Il me dit que la version officielle de mon départ serait qu’il me confia une mission commerciale auprès des Nains des Montagnes Bleues, comme je m’y étais déjà rendue (j’ignorais de qui il eut su ceci, sans doute de Dolendir). Il enfonça le clou en m’avertissant que s’il apprenait que Dolendir sut la vérité ou que s’il s’enfuyait pour me rejoindre, nous serions chassés sur tout Arda.
Il ajouta qu’un bateau partait de Cerin Amroth dans trois semaines et donc qu’il me laissait une semaine pour me laisser partir, avant de me faire chasser et tuer. »

Lomëwen essuie de nouveau une larme sur sa joue.

« – Voilà ce qui m’a conduit aux Montagnes Bleues où nous nous sommes rencontré mes amis…

Et comme vous l’avez vu, j’ai parlé au Prince, à Imladris. C’était Ombre, membre occasionnel de notre compagnie malledhrim.

Il sait la vérité désormais. Il a proposé que j’entre à son service, pour regagner les faveurs de son Père…
Mais maintenant qu’il est parti avec la Communauté, je ne sais comment regagner mon aimé…
Peut-être recroiserai-je le Prince et pourrais-je l’aider dans d’autres lieux.

Dolendir a su par Breglind, qui est Feuille aussi, que nous étions ici…
Au moins, je l’aurais revu une dernière fois. »

Les Nains hochent en silence la tête, tandis que l’Elfe se positionne pour dormir en s’enroulant dans une couverture, près du feu.

« Que les Valars aient pitié de vous deux et de votre amour » murmure Hreithormr.

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5 Commentaires

  1. “Elle se lève et le gifle”, c’est claire, net et précis :D
    « Je vous offre mon passé… En échange de notre avenir. » J’aime beaucoup cette image.

    Ici, aussi, encore un très bon texte, ancré à la fois dans l’histoire de la Terre du Milieu, le SDAO et sa confrérie.

    Même si j’ai toujours du mal à comprendre pourquoi les gens se font bannir pour avoir volé le cœur de quelqu’un d’autre. L’image de Thranduil est souvent peu accommodante mais de là à bannir quelqu’un…

    1. Ah oui, c’est un vilain.
      Nous dirons que l’opposition personne modeste/noble est exploitée.
      De plus, même si ce n’est pas précisé ici, Dolendir est au service du Roi depuis de nombreux siècles. Fréquenter Lomëwen, c’est être moins disponible pr Sa Majesté… Et on peut jouer sur une forme de jalousie à ce moment-là.

      Hécate Lomëwen

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