Neira est née et a passé son enfance à Edoras, en Rohan. Son père, soldat, a été tué alors qu’elle n’avait pas encore huit ans. Anéantie, sa mère a choisi de quitter la capitale, trouvant refuge chez une parente éloignée, au village d’Archet dans le Pays de Bree. Archet, ravagé par un incendie des années plus tard, privant Neira d’une mère aimante et douce.

Combative et déterminée, Neira a alors suivi une formation de Capitaine avant d’entamer le long voyage qui la ramènerait vers sa patrie, le Rohan. En chemin, touchée par la lutte des Peuples Libres contre des ennemis toujours plus forts et toujours plus nombreux, elle s’est ralliée et dévouée à l’Alliance Protectrice, confrérie puissante menée par des combattants aussi redoutables qu’elle.

Depuis les années ont passé. Mais celle qui est aujourd’hui connue sous le titre de Neira la Rouge est devenue légende. Son histoire, chantée par les meilleurs comme les moins bons bardes des Terres du Milieu, ou murmurée dans les tavernes les moins bien fréquentées, la précède souvent. Méfiez-vous !

[…] Neira siffla sa septième chope de bière de la soirée, éructa bruyamment puis s’essuya la bouche d’un revers de manche, non sans grimacer. Sa lèvre tuméfiée, éclatée par un gros poing d’orque, la faisait encore souffrir.

« Aubergiste ! Encore une ! » Brailla-t-elle d’une voix pâteuse, tout en levant sa chope vide.

Elle jeta un coup d’œil à la salle déjà presque vide à cette heure-ci, puis à la fenêtre, et se renfrogna. Elle allait devoir retrouver tant bien que mal où elle habitait, et sous une pluie battante par-dessus le marché. Ça méritait bien une dernière bière ça ! Elle renifla ; déjà neuf années qu’elle était à l’Alliance Protectrice, au service d’un idéal qui concernait tous les peuples libres. Neuf longues années à combattre Sauron et ses sbires, et résultat : il en arrivait toujours plus ! C’était une guerre sans fin, usante à plus d’un titre. Mais Neira était toujours là, increvable hallebarde sur pieds. Elle-même s’en étonnait.

Qu’elle était loin l’époque où le vieux Darmoon et la gracieuse Ijiriel l’avaient adopté ! Et sa jeune sœur Aldawen, qu’elle n’avait plus jamais revue… Finies aussi les insouciantes promenades au clair de lune en compagnie de Belgaryon, son ex-mari porté disparu il y a longtemps. Bon sang, tant d’autres après eux n’ont jamais reparu… Funeste destin réservé aux héros de ce monde ! Heureusement, beaucoup d’autres étaient encore présents et poursuivaient la lutte avec un acharnement qui forçait l’admiration.

Et celui qu’elle admirait le plus, c’était sans conteste Silpion, son mari depuis plus de cinq ans. Il râlerait s’il la trouvait là, à boire jusqu’au coma ! Mais elle s’en moquait éperdument. Déjà parce qu’il ignorait où elle était – même s’il devait s’en douter – et ensuite parce que la puanteur qu’elle dégageait (mélange de sueur, de cheval, de sang, de vinasse et de pourriture d’orque…) le dissuaderait de s’approcher trop près. Elle renifla une nouvelle fois et entama sa huitième bière, que l’aubergiste venait de lui apporter. Elle songea qu’au lieu de boire elle devrait plutôt montrer l’exemple pour son fils, Turglin ! Arf… bel exemple en vérité ! A trop souvent voir sa mère dans les tavernes, Turglin s’était épris d’une chope de bière particulière à ses yeux, et qu’il ne quittait plus. Les chiens ne font pas des chats !

Neira faillit s’étrangler avec la dernière gorgée de sa chope. La grande salle à présent vide s’était mise à tourner autour d’elle et elle se leva maladroitement. Mince, il pleuvait encore… Maugréant, elle faillit se rasseoir lorsqu’elle croisa le regard venimeux de l’aubergiste. Bon, bon… D’accord. Sa main plongea au fond de sa poche de tunique écarlate pour en retirer quelques piécettes qu’elle laissa ensuite sur la table. Que ce soit trop, ou trop peu, tant pis ! Elle les voyait bien trop floues pour les compter correctement !

« Bonsoir M’sieur ! » croassa-t-elle en direction du propriétaire des lieux. Elle se pencha pour saisir sa hallebarde, perdit l’équilibre et bascula, s’écrasant tête la première dans la porte d’entrée. Zut ! Sa lèvre venait de se rouvrir. […]

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7 Commentaires

  1. Je ne cautionne pas ce type comportement (d’autant plus quand il s’agit de mon propre peuple) ^^ mais je trouve l’idée de départ, d’avoir quitté le Rohan pour Archet, avant même le scénario du jeu (et donc bien avant qu’elle soit attaqué) très bien trouvé pour introduire son personnage dans le contexte établit par Sdao.

  2. Je dois avouer que ce n’est pas la meilleure facette de Neira :D C’était un instant de déprime passager (Et n’écoutez pas mes confrères qui s’empresseront de préciser que Neira est souvent déprimée). Nos héros ont énormément de qualités mais il leur faut bien aussi quelques défauts ;)

    PS : Pas d’inquiétude, personne ne quittera l’AP ; nous avons bien trop de dossiers sur chacun d’entre eux ! ;p

  3. J’aime beaucoup le changement de “ton” et d’ambiance, on démarre avec le passé sombre pour terminer sur le décalage entre légende/réalité d’un combattant (l’alcool pour oublier par exemple^^) très sympa et différent de beaucoup d’autres biographies parfois trop classiques.

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