Une femme dans un campement dans l’Umbar, à l’extrémité sud du Harad. Sous un climat subtropical, en périphérie d’un village semi-sédentaire.
Son ventre est très rond, mais elle travaille encore un lopin de terre, occupée à ramasser des patates douces.
Au loin, une ombre rôde, non hostile. La femme ne reconnaît pas la forme de l’animal, le guette de l’oeil, la distrayant des gobelins approchant.
Elle les aperçoit au dernier moment, commence à se défendre avec la binette qu’elle tient en main, mais son ventre est un fardeau lourd et gênant, elle est en passe de céder face au nombre.
L’ombre animale se rapproche, comme si un charognard sentait que son prochain repas allait arriver sans effort. A la surprise de la femme, l’immense animal, de la hauteur d’un cheval, terrasse de ses griffes les gobelins. La femme est au sol, recroquevillée sur elle-même, tremblante de terreur, pensant que l’animal va s’en prendre à elle.
Une fois les créatures mortes, l’animal retrouve son attitude placide, passe derrière la maison nomade de la femme. Quelques instants un homme, à la peau des hommes du Nord, en sort, va vers la femme pour l’aider à se relever et la porter à l’intérieur de l’habitation. Une fois sa tâche accomplie, il s’effondre, blessé au flanc.
La femme reprend ses esprits, installe l’étranger sur une natte, éponge le sang et soigne les plaies. Son époux rentre de la chasse, trouve l’étranger sous son toit ; la femme lui explique. L’homme hoche la tête et dit simplement : « Un change-peau ».
Plusieurs jours passent, l’étranger se rétablit. Le couple souhaite le remercier, il refuse tout bien, ne suggère qu’une chose : que l’enfant à naître porte un nom de son peuple.
Il part, sans voir l’enfant naître. Et ne reviendra jamais vérifier directement auprès du couple s’ils tiendront leur promesse.
Néanmoins, quelques années plus tard, la petite fille dira à sa mère qu’elle a aperçu un cheval très massif et poilu rôder quelques fois dans l’année à proximité du campement, qui se déplace d’année en année. Elle dira même un jour, avoir vu un homme à la peau clair lui demander son nom, sourire puis repartir en silence.

 

Neuf ans après la venue du change-peau…
La tribu s’est rendu au Nord du Harad, dans une étendue au climat plus aride. Elle vit désormais du troc avec la grande cité.

Mais pas aujourd’hui.
Aujourd’hui, le village est détruit, ses habitants massacrés. Seule une petite fille pleure sur la dépouille de ses parents.
Sa mère l’a faite se cacher dans une malle quand elle a vu les Hommes du Nord arriver à cheval.
Les heures ont passé depuis l’attaque, elle est sortie de sa cachette et a vu le désastre.
Des hommes du Nord, non armés, viennent d’arriver, fouillant les corps sans vie pour y chaparder des biens.
Un homme s’approche de l’enfant qu’il vient de remarquer.

« – Toi, là ! Qu’est-ce que tu fais là ? » l’interpelle l’homme clair.

L’enfant ne comprend pas les paroles de l’étranger, pense qu’il lui demande son nom. Elle répond en tremblant : « Sygbare ».

L’homme aperçoit le regard cuivré de la fillette, contrastant sur sa peau extrêmement sombre, sourit en coin, avant de l’empoigner par le bras.

 

Sygbare est devant l’âtre d’une auberge.
Depuis onze ans, elle en a fait des kilomètres avec son maître Kadmos…
Le marchand, un peu pillard à ses heures, a senti la guerre arriver au Gondor et a décidé de partir vers le Nord.
Ce soir, elle a reçu la pire correction depuis ses onze dernières années, et il a une fois de plus abusé d’elle. Elle a osé désobéir en parlant à des clients de l’auberge dans son dos, et elle a essayé de lui tenir tête…
Ce soir, elle n’arrive plus à voir l’avenir, n’espère plus sa liberté. Trop de fois il l’a vendue à des hommes pour quelques pièces, trop de fois elle a pris des coups. Sauf au visage, pour garder la « marchandise » attirante…
Ici, dans cette bourgade appelée Bree, elle n’est qu’une « noiraude », une « suderonne » pour les locaux. Elle a réussi à se glisser hors de la chambre de Kadmos pendant son sommeil, et réfléchit à comment finir ses jours.
Les yeux fixés dans le feu, elle entend un homme prononcer quelques mots dans une langue qu’elle n’a pas entendue depuis bien des années. Elle se tourne et aperçoit un homme à la peau presque aussi sombre qu’elle, habillé d’écarlate.
Il demande ce que fait une Sœur Haradhrim si loin de chez elle. Rassemblant de lointains souvenirs, elle balbutie quelques mots dans sa langue natale et prononce le mot « Esclave ». L’homme veut l’aider et dit se nommer Khazars. Il dit travailler pour une femme appelée Torsen, qui tient une taverne clandestine et gère quelques demoiselles au quartier des Boues, entre autres.

Le Haradhrim semblerait ne pas être le seul à vouloir porter assistance à la jeune femme ce soir-là.
Quelques personnes plus bienveillantes que la plupart des Bréards ont aussi remarqué qu’elle était réduite en esclavage. Une lettre dénonçant le marchand a été envoyée au Guet. Un veilleur, aidé de Khazars, arrêtera Kadmos. Sygbare ne reverra plus son ancien maître et ignorera ce qu’il sera advenu de lui.

De nombreux mois ont passés depuis que Sygbare a regagné sa liberté.
Elle est de retour à Bree, seule.

Après quelques péripéties avec les Truands des Bas Fonds, Khazars et Sygbare ont quitté Bree pour rallier le Pays de Dun. Le Guet de Bree allait se mettre à leur recherche pour une affaire entre Archetois et le Guet, une affaire qui a mal tourné… La veilleuse Bousier les a fait prévenir secrètement, via une connaissance commune, pour qu’ils puissent sauver leurs vies.

Celui qui l’appelait « ma Sœur Haradhrim » a fini par l’appeler « mon épouse » avant même de quitter Bree. Mais il n’est plus, elle le sent au fond d’elle désormais…

Plusieurs semaines après leur arrivée au Pays de Dun, un jour Khazars ne rentra pas de la chasse. Elle l’attendit deux jours avant d’aller à sa recherche, durant trois semaines, mettant en danger sa vie plusieurs fois, elle qui n’est pas combattante…
Ne le trouvant pas, sachant qu’elle ne pourrait survivre seule en ces contrées bien longtemps, elle passa le mot au village où ils logeaient, de dire à Khazars, s’il réapparaissait, qu’il aille la chercher là où ils s’étaient rencontré.

Elle a pleuré de nombreuses semaines l’Haradhrim sur le chemin entre Galtrev et Bree…
De retour à Bree, des Truands l’ont soutenue dans sa peine, même si elle se sent différente d’eux, moins canaille…

Aujourd’hui, elle ne fuit plus, a trouvé un emploi de gouvernante dans une famille renommée de Bree. Un emploi honnête et stable, tout ce dont elle a rêvé, quoi qu’en pensent les Bréards au sujet d’une Haradhrim.

Elle y a revu une connaissance. Un contre-maître, originaire de Dale, travaillant aussi pour ses employeurs. Un homme qu’elle suit des yeux en souriant.

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