“C’est dans les larmes que tu verses que se reconnaît ta part d’humanité” me disait mon vieux paternel. Il n’avait pas précisé que ce devaient être les miennes…
Pourtant, qu’est-ce qu’une larme sinon la brutale condensation de nos émotions, la fusion instantanée d’une action à une émotion ? Cette larme m’appartient, oui, et si elle ne roule pas sur mes joues, elle charrie ces fragments d’âmes qui me mèneront moi auprès de mon premier Père. Elles me font avancer, elles m’apprennent plus sur la nature humaine que toutes les sales dictées que vous apprenez par cœur sans en maîtriser un traître mot.
Du reste, c’est sous les larmes d’Aulë que nous sommes nés, nous les nains. Vous affirmez que nous sommes nés de la pierre ? La belle affaire que voilà ! Mais savez-vous ce qu’est un nain ? Je veux dire, véritablement ? Du destin tragique de Daeron à la grande confusion de Thorin en passant par la malédiction du Nauglamir, nous sommes la concrétion nacrée de ce que le monde porte de tragique et de désespéré. Notre fierté en est sa plus solide expression, la montagne que l’on a dressé grâce au fiel que vous n’avez cessé de déverser.
Je ne me souviens guère de ma naissance cela dit. Je me souviens surtout de l’éclat blanc que jetait sur mon visage la pierre tombale de mes vieux. L’était-ce d’ailleurs ? Leurs noms étaient gravés en sindarin. Moi qui ne parlait que le Khuzdul, je trouvais cela étrange. Mon Maître d’apprentissage a vu plus que des larmes ce jour là. Mes yeux me brûlaient mais je réussis pourtant à catalyser les éléments pour abattre l’ombre qui profanait la sépulture de mes parents. Il a alors vu un véritable Gardien des Runes.
Car c’est dans l’amidon amer des pages de la Bibliothèque Perdue de Nogrod que j’ai appris les Mots de Pouvoir et c’est dans l’humus des sous-bois et l’âpreté de la pierre que j’ai puisé leur véritable force. Le Cirth était ma ponctuation, l’iglishmek mon souffle.
Depuis j’arpente l’Eriador, non par vengeance ou mélancolie mais parce qu’un nain va de l’avant, quoi qu’il arrive. Et quiconque s’oppose à la marche d’un nain se cogne notre montagne. Je suis le souffle du vent ou la rosée du matin; la chaleur du soufre ou la dureté du diamant.
On m’appelle de différentes façons depuis mais je ne suis ni Oxolo la Main heureuse, ni Oxolo le Pourvoyeur de Larmes, je suis juste Oxolo. Ma langue est mon arme, ma rune l’écho de mes harangues.
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Court. Poignant.
Arrêtez de mettre des pépites, je ne saurais plus pr qui voter moi…
“Oyez Elfes, vous tous oyez! Qu’on ne dise plus jamais des Nains qu’ils sont cupides et désobligeants […] On dit que les Nains ont les mains habiles mais non la langue, or il n’en vas pas de même pour Oxolo” (Galadriel, SDA1)
Content d’avoir de tes nouvelles au travers de cette biographie, jolie au demeurant:)
Je vais répéter des adjectifs, texte court cependant poignant et efficace ! bravo pour cet art de la concision !